La gourme



Facteurs de virulance

La gourme est due à streptococcus equi. C’est un pathogène spécifique des équidés.
S. equi présente de nombreux facteurs de virulence :
- Une capsule à acide hyaluronique
- Des M-like proteins : SeM et SzPSe
- Une streptolysine
- Une exotoxine pyrogénique : SeeH
SeM et SeeH sont exprimées par tous les S. equi, mais pas par la plupart des streptococcus zooepidemicus, et contribuent à la plus grande virulence de S. equi par rapport à S. zooepidemicus.
La capsule bloque l’accès au complément C3b, ainsi qu’aux anticorps. Les phagocytes ne reconnaissent pas la bactérie qui ne peut pas être phagocytée.
La protéine SeM inhibe elle aussi la phagocytose en liant le fibrinogène et limitant la fixation du C3b. Cette protéine est nécessaire à l’infection, les mutants manquant de SeM ne sont pas infectieux. Cette SeM est unique à S. equi et entraîne une forte augmentation des IgA et IgGb.
SzPSe est une autre protéine M-like qui est commune à une autre protéine M-like SzP de S. zooepidemicus.
SeeH est un facteur qui stimule très fortement les monocytes sanguins, entraînant une très forte élévation des cytokines pro-inflammatoires, responsable de la fièvre, de l’augmentation du fibrinogène, et de la neutrophilie.

Modes de contagion

S. equi est un parasite obligatoire. Il peut atteindre les chevaux de tous les ages, mais il est plus commun chez les poulains de moins de 2 ans. Les foals de moins de 4 mois sont protégés par les anticorps du colostrum. Malgré la réponse immunitaire, certains animaux peuvent contracter la maladie plusieurs fois dans leur vie.

La gourme est très contagieuse. La transmission se fait par voie orale et nasale.
Le contage se fait par contamination de nez à nez, mais aussi par l’eau et la nourriture.
S. equi survit plusieurs semaines dans l’eau, mais est très vite détruit sur le sol et dans les pâturages.
Les conditions climatiques, températures très froides ou très chaudes, le transport, sont des facteurs favorisant la transmission et surtout la réceptivité.
S . equi s’attache aux cellules du voile du palais, et aux follicules lymphoïdes du nasso-pharynx., et passe très rapidement par voie lymphatique dans les ganglions mandibulaires et rétro-pharyngiens ou il se multiplie très rapidement. De nombreux polynucléaires neutrophiles sont alors attirés et forment du pus. On peut le mettre en évidence 3 heures après l’infection dans les tissus lymphatiques.
Contrairement à S. zooepidemicus, il ne se multiplie pas à la surface des cellules du naso-pharynx.
Les poches gutturales sont fréquemment infectées. Environ 10% des chevaux vont développer une infection persistante pendant plusieurs mois, avec excrétion nasale intermittente.
L’infection des poches gutturales peut aussi résulter de la rupture d’un abcès retro-pharyngien.
La pharyngite entraîne souvent de la douleur et des signes de dysphagie. Des complications sérieuses peuvent apparaître lorsque l’hypertrophie ganglionnaire entraîne une compression de la trachée et l’asphyxie.
Les porteurs chroniques sont importants dans la persistance et l’apparition de nouveaux foyers d’infection.
S. equi peut aussi emprunter la voie sanguine ou lymphatique et entraîner des sepsis. Les localisations communes sont : les poumons, le foie, la rate, les reins et le cerveau.
Des complications immunes peuvent apparaître comme le purpura hémorragique, des myopathies et des myocardites.
Le purpura peut occasionner des oedèmes de la tête, des membres, du prépuce, des hémorragies des muqueuses, des muscles et des viscères et parfois des reins.


Diagnostique au laboratoire

Il se fait par mise en culture d’écouvillonnage nasal ou des liquides de rinçage nasal, ou par prélèvement de pus.
Le lavage nasal est plus sensible que l’écouvillonnage, car la surface prélevée est plus importante.
La technique de lavage consiste à instiller 50 ml de sérum physiologique a travers un tube de 15 cm de longueur (5à 6 mm de diamètre), le liquide collecté est analysé.
Le diagnostique peut aussi se faire par PCR (polymerase chain reaction).
Les cultures sont habituellement négatives pendant 24 à 48 heures après le début de l’hyperthermie.
La PCR montre une sensibilité 3 fois supérieure à la culture. Il est possible d’augmenter encore la sensibilité par enrichissement en bouillon de culture pendant 24H.
La PCR est plus rapide que les cultures, résultats possibles dans la journée contre 5 jours pour la culture.
Prix des cultures au laboratoire : 29.12 euros TTC
Prix de la PCR : 35.88 euros TTC, possibilité d’obtenir les résultats dans la journée si les prélèvements arrivent au laboratoire avant 10H.
Les prélèvements nasaux peuvent être négatifs chez les porteurs sains. Le meilleur moyen de les détecter est l’endoscopie des poches gutturales.
Un porteur chronique est défini comme excréteur plus de 3 semaines après disparition totale des signes cliniques.
Les sinus peuvent aussi être le siège du portage chronique.

Prohylaxie

La nature très contagieuse de la gourme nécessite des mesures de prévention. L’incubation dure de 4 à 5 jours, mais peut atteindre 12 à 14 jours pour certains chevaux. Il est donc important de détecter les animaux infectés.
Les nouveaux arrivants dans une écurie devraient être mis en quarantaine pendant 2 semaines. Les animaux infectés doivent être isolés. La température rectale doit être prise tous les jours pendant 2 à 3 semaines pour tous les animaux en contact. Tous les chevaux présentant une hyperthermie doivent être isoléS. Comme l’excrétion débute 2 jours après le début de l’hyperthermie, c’est une bonne mesure de prévention.
Des prélèvements nasaux doivent être effectués sur les convalescents pour démontrer l’arrêt de l’excrétion.

Immunité

La plupart des chevaux développent une bonne immunité à la suite d’une gourme. Cette protection dure environ 5 ans, mais 30% des chevaux redeviennent réceptifs dans des délais plus courts.
Les anticorps sont de type IgGb, IgGa et IgA. Les IgGa apparaissent en premier, Les IgGb augmentent à partir septième jour, le pic est obtenu en 3 à 4 semaines.
L’augmentation des IgGa n’entraîne pas d’augmentation du taux des protéines sériques totales, L’augmentation des IgGb entraîne une très forte augmentation des protéines sériques.
Les anticorps du colostrum sont de type IgGb. Les foals issus de mères vaccinées ont des taux plus élevés d’IgGb spécifiques que ceux issus de mères non vaccinées. Cette protection dure 2 mois.

Vendredi 9 Mars 2012
Frederic Bermann
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